C'est exact. Il y a quelques années, j'ai
participé à un voyage Belgique-Paris en bus.
Bruxelles-Paris
= 311 Km.
Mais comme il est d'usage,
le
bus est passé par Luxembourg. Aucune réaction de quiconque.
Moi-même, ne n'avais pas tiqué à l'époque.
Arrêt à Capellen pour le plein, les cigarettes et l'alcool. Distance:
581 Km, soit 87% en plus...
La justification en était certainement financière... mais ce n'est
plus
le sujet aujourd'hui. Cependant, il est à craindre que tant qu'il sera
plus intéressant de faire ce genre de détours plutôt que d'économiser
le CO2, ce sera la règle, d'où l'intérêt d'augmenter le prix des
carburants.
Autre exemple: il a été expliqué sur la RTBF récemment que de nombreux
avions à passagers transportent parfois du kérosène inutile juste pour
éviter de faire le plein dans certains pays, où le carburant serait
plus cher... Moi-même, sur un voyage Hurgada (Egypte) - Bruxelles, on a
atterri à Palerme pour faire le plein. Quand on sait que la majorité du
carburant est consommé au décollage, on peut se demander si une escale
sur un trajet aussi court est raisonnable...
De même, sur un trajet Delhi (Union Indienne) - Paris Orly, on a
survolé Luxembourg-Findel... Posant la question (je me demandais si les
avions étaient autorisés par hasard à s'acquitter des taxes dans
n'importe quel Etat
survolé), on m'a expliqué qu'il n'y avait
ni TVA ni accises sur le kérosène, nulle part dans le monde, et que le
passage au dessus d'aéroports était dû aux routes aériennes qu'il
fallait suivre...
Récemment, l'Union Européenne a enfin décidé de traiter le transport
aérien de la même manière que les autres industries: application des
quotas de CO2, etc... Et c'est bien normal. Pour info, une tonne de
matériel transporté entre Luxembourg et Benjin (Pékin) nécessite 50
fois plus de pétrole par avion que par la route, et entre 500 et 1000
fois plus de pétrole que si elle était transportée par bateau...
Beaucoup de fleurs qu'on nous vend dans les stations d'essence viennent
par avion du Brésil.
Certains fruits en provenance d'Afrique du Sud ou d'Amérique du Sud
nous proviennent par avion.
Certains homards frais du Canada arrivent par avion.
Certaines fleurs négociées sur les marchés néerlandais y arrivent par
avion de Turkie. Parfois, elles sont achetées par un négociant Turk, et
refont donc le voyage de retour le jour même par avion...
Les crevettes épluchées de la Mer du Nord sont transportées vers
l'Afrique du Nord par camions frigorifiques ou avions pour y être
épluchées (la main d'oeuvre est moins chère) et ensuite ramenées sur
les criées du lieu de pêche pour y être vendues...
Justification: toujours la même: économique. Ceci montre que
le pétrole
n'est pas assez cher, donc il devrait être taxé.
Le pétrole à 100$/baril (67 €/baril donc) est quasiment gratuit: a ce
prix, qui n'est même pas plus important que celui des deux derniers
"cracks pétroliers" (le baril avait frôlé 40$ en 1980. L'USD valait ~50
LUF en 1970, donc 50 € de l'époque le baril, ce qui veut dire que le
prix du baril de pétrole de 1970 ramené en Euro constats vaudrait 135 €
aujourd'hui, suivant les indications de l'INSEE).
Donc, le pétrole est moins cher à 100$/baril en 2007 que son prix le
plus élevé historique.
Mais à ce prix, l'humanité est en train de brûler les réserves
d'énergie d'origine solaire (biomasse) accumulées en 800.000 ans par la
terre, et ce en moins de deux siècles... Soit un taux de
sur-consommation par rapport aux apports en énergie renouvelable
(solaire) de 4000. Nous consommons le pétrole 4000 fois plus vite que
nous devrions, si on respectait le rythme de la nature !
Comment faisaient les humains d'avant les premiers gisements pétroliers
? (
avant 1859
essentiellement) Ils consommaient une huile d'origine biologique
pour, par exemple, l'éclairage. C'est pour cela que
Rudolf Diesel a
mis au point son moteur avec de l'huile
végétale comme
carburant, et non du pétrole. Le moteur a dû être adapté à l'huile
minérale après coup.
La principale source d'huile en 1840 aux USA était l'huile de baleine.
Elle se négociait à un prix (exprimé en USD constants d'aujourd'hui)
qui équivaudrait à 3000$ le baril. Une fois les réserves de pétrole
épuisées (et la vie sur terre devenue impossible), ou moyennant une
interdiction
de l'usage du carbone d'origine fossile (comme on a interdit l'amiante
ou les CFC au niveau mondial), le prix d'équilibre d'une huile pouvant
remplacer le pétrole devrait donc se situer aux environs de 2000 € le
baril (à comparer avec les 67 € le baril de pétrole).
Conclusion: le pétrole est actuellement très très bon marché, trop bon
marché, et devrait être trente fois plus cher pour atteindre un
équilibre souhaitable pour la planète et pour l'humanité.
Bien entendu, si on taxe le pétrole à 3000% du jour au lendemain, c'est
la révolution. Mais c'est vers là qu'il faut aller, de gré ou de force:
si nous n'y allons pas au plus tôt, c'est la nature qui va nous y
ramener, au risque de faire disparaître l'humanité en passant...
L'énergie 30 fois plus chère, ça change beaucoup de choses.
Prix des déplacements en voitures actuelles: de l'ordre de 2 € au Km.
Fin des véhicules individuels du genre actuels.
Remplacements par:
Retour aux matériaux naturels, ne nécessitant pas de grandes quantité
d'énergie ou de pétrole pour être fabriquées
- caisses d'ordinateurs, écrans et boîtiers en
bois, comme les radios du début XXème siècle.
- bouteilles et récipients ré-utilisés (pas recyclés) c'est-à-dire
que vous allez avec votre bouteille au magasin pour y faire le plein de
lait
- emballages (pain, beurre, sucre, farine, ...) en papier.
- vêtements en laine, coton, lin, ... qu'on utilisera jusqu'à usure
irrémédiable, et non jusqu'à la nouvelle mode.
- récupération des vieux vêtements pour faire des couvertures de
lits "patchworks", retour à la mode du reprisage des chaussettes, ...
- fin des langes jetables
Transports des marchandises: fin de Cargolux: transporter 1 tonne de
Luxembourg à Benjin consomme 1.5 tonne de carburant, soit 3000 € la
tonne... Finis, les baptêmes de l'air offerts aux homards... Très forte
réduction du transport des marchandises par la route: un camion
consomme ~25 à 40 litres au 100 Km (selon son gabarit), ce qui
reviendrait donc à ~10 €/Km. Eventuellement supportable, mais seulement
pour ravitailler (en une fois) hebdomadairement des villages non
(encore) desservis par le train.
Remplacement par:
- Livraison des produits aux magasins par bateaux, éventuellement
tractés
par des chevaux (chemins de halages), ce qui implique le déplacement
des commerces le long des canaux (c'est déjà le cas à Paris: Monoprix
déplace depuis dix ans ses points de vente pour s'approcher des canaux
parisiens)
- Transport des marchandises par le train (déjà
appliqué par Monoprix à Paris)
- Suppression des emballages lourds et non récupérables (cartons,
films plastiques, coques en polystyrène, palettes jetables, ...)
Chauffage domestique:
Changement de standard de vie pour ceux qui n'ont pas une maison
bioclimatique: on tente de maintenir la maison hors gel, et non plus à
20°. Si on peut, on tente de maintenir une pièce à température
supportable.
- Recours au pulls, couvertures, édredons, ...
- Limitation du nombre de pièces chauffées (éventuellement à une,
la cuisine/salle à manger/chambre)
- Recours en hiver (comme dans les pays nordiques) à une pièce
enterrée sous la maison, très isolée, où on maintiendra une bonne
température
- Modification des réseaux d'eau dans les maisons pour pouvoir
purger les conduites dans les parties du bâtiment où il gèle en hiver
(Ma maison à Rumelange a 100 ans et elle est prévue comme ça
d'origine)
- Recours aux pompes à chaleur
- Interdiction des châssis poreux, des ventilations libres (la
France interdit les simples vitrages et les ampoules à
incandescence à partir de 2010).
- Recours à des constructions intrinsèquement économiques en
chauffage: buildings et maisons de rangées au lieu de vastes bungalows
Pour ceux qui veulent ne pas avoir froid en hiver, il est possible
d'isoler sa maison (30 cm de mousse isolante, quadruples vitrages,
ventilation forcée à échangeur de chaleur, ...) et la maintenir à
température agréable par la simple chaleur animale, éventuellement
aidée d'une pompe à chaleur, de préférence alimentée par des panneaux
photovoltaïques et/ou une éolienne...
Manger:
- Fin des fruits et légumes toute l'année. On retourne aux fruits
et légumes de saison.
- Conservation de certains fruits (pommes, ...) pour en disposer
toute l'année.
- Drastique diminution de la consommation de viandes: la viande
nécessite beaucoup plus de matières premières que les protéines
végétales.
- Retour au travail aux champs: avec la disparition du pétrole, il
va peut-être falloir envisager de labourer les champs avec des charrues
et des chevaux... Ca va fortement réduire le chômage...
- Retour aux engrais naturels et aux méthodes traditionnelles
(lisier, assolement, lutte biologique contre les nuisibles ...) car les
produits phytosanitaires, engrais chimiques et autres disparaîtront
avec le pétrole
- Retour aux produits non transformés, le prix des matières
premières rendant le coût de la nourriture de base déjà très chère. Ex:
les pommes coûtent actuellement 2.55 €/Kg sur Auchandirect.fr. Les
mêmes pommes, conditionnées en petit berlingots individuels (Pompot de
Materne) = 6,25 €/kg dans le mêmes conditions de vente (même réseau de
distribution), soit 250 % plus cher ! Pommes de terre = 1 €/Kg, frites
"Just au four" de Mc Cain: 3.22 €/Kg, soit plus de trois fois plus cher
!
Ca risque de faire grincer des dents... Quand on voit les manifestants
à Bruxelles, qui réclament du pétrole bon marché, ou les pêcheurs
français qui veulent du pétrole à 40 cents, il y a du chemin à faire
pour faire comprendre que tout ceci n'est pas une décision politique,
mais le retour de l'humanité à la réalité de sa condition, après un bon
siècle de "rêve éveillé", période où le pétrole était abondant et
quasiment gratuit.
On sait que la fin du pétrole est pour demain:
même
les spécialistes les plus optimistes commencent à l'affirmer.
Le pétrole est passé de 50 USD/baril (février 2007) à 100 USD/baril
(janvier 2008) et ce n'est qu'un début, rien en regard de ce qui va se
passer au moment du
décrochage
de la production par rapport à la demande (oil crash):
Mais certains portes-paroles ou journalistes parlent d'une augmentation
de 20% du prix des énergies dans les 20 prochaines années...
Mazout.lu affirmait dans nos boites qu'on se chaufferait encore au
mazout dans 25 ans !
Quelle
blague !
Quand je cherche des fenêtres de toits triple vitrages, l'Etat
luxembourgeois (service énergie) me répond que ça n'existe pas
alors
que c'est faux (Bâtiself, Bâtichimie, ...). Quend je parle de
mettre une couche isolante externe de 20cm sur ma maison, on me prend
pour un fou et la commune m'indique que ça pourrait m'être refusé, car
ma façade sortirait de l'alignement des autres maisons... On croit
rêver ! Et aux autre, on va leur faire la même réponse ? Il va falloir
qu'on fasse une demande simultanée ou quoi ?
Donc, en conclusion, la taxe sur les voitures n'est pas la bonne
approche, mais elle est tellement insignifiante par rapport à l'ampleur
du problème auquel nous sommes confrontés à court terme que c'est du
temps perdu que d'en discuter. Par contre, si cette pétition montre que
des mesures plus appropriées devraient s'imposer, alors je suis
d'accord, mais je n'ai toujours pas trouvé
le texte de cette
pétition.
Références et sources:
http://www.peakoil.net/PeakOilSites.html