Ce 26 janvier, en marge d'une réunion, de nombreux pays européens ont
signé un traité international totalement contestable: l'ACTA
<http://fr.wikipedia.org/wiki/Accord_commercial_anti-contrefa%C3%A7on>.
Je vous invite à vous informer rapidement sur ses conséquences, en
particulier dans les domaines des libertés fondamentales de l'Internet,
des mesures qu'il impose aux acteurs de l'Internet (opérateurs,
fournisseurs d'accès, ...) en contradiction avec nos fondements
juridiques dans le but exclusif de défendre les intérêts supposés de
personnes ou d'entreprises privées.
Je pense qu'en tant que LiLux, défenseurs des libertés dans le domaine
informatique/Internet et des logiciels _libres_, une prise de position
officielle et une communication publique s'impose.
Je suis également preneur de toute suggestion permettant de compléter ce
projet de lettre ouverte au Ministre de l'Économie et du Commerce extérieur.
*Monsieur Etienne Schneider*
/Ministre de l'Économie et du Commerce extérieur/
19-21, boulevard Royal
L-2449 Luxembourg
Esch-sur-Alzette, le 9 février 2012
Monsieur le Ministre,
Concerne: Traité ACTA , Accord commercial anti-contrefaçon
Le gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg a signé le 26 janvier
dernier, à Tokyo, le traité ACTA. Ce traité devrait donc être soumis à
la ratification de la Chambre des Députés pour produire ses effets.
Nous attirons votre attention sur le fait que ce traité comporte des
points qui sont de nature à porter atteinte aux droits fondamentaux
des personnes. Notamment:
* l'obligation faite aux fournisseurs de services Internet
d'espionner leurs clients pour le compte d'acteurs privés, et de
leur couper l'accès Internet sur allégation de téléchargement de
fichiers protégés par le droit d'auteur, par le biais de
procédures extra-judiciaires, qui ne respectent pas le droit
fondamental à une procédure équitable ;
* la porte ouverte à la mise en place d'un système de « réponse
graduée » et de responsabilité des fournisseurs d'accès
Internet, qui entrainerait le filtrage du Net ainsi que des
atteintes à l'interopérabilité des oeuvres numériques légalement
acquises;
* l'introduction de nouvelles sanctions criminelles pour les
atteintes au droit d'auteur, y compris des sanctions pour des
usages d'Internet jusque-là non criminalisés;
Le blocage de sites Internet et de certains modes d'échange de données
aurait comme effet collatéral de bloquer également la distribution
d'oeuvres et de programmes pouvant être légitimement échangés, tels
les logiciels libres. A ce titre, le récent exemple de la saisie du
site Megaupload est révélateur.
Par ailleurs, Le Grand-Duché a mis en place une stratégie visant à
développer du point de vue industriel les innovations dans le domaine
de la société de l'information. Le traité ACTA imposerait aux
sociétés luxembourgeoises actives dans ce secteur des obligations qui
pèseraient significativement sur leur expansion. De la même façon
qu'on ne peut rendre la Poste responsable du contenu des courriers, on
ne peut rendre responsable les fournisseurs d'accès et prestataires de
service du contenu des flux échangés.
Les conséquences de la mise en place de ce traité n'ont pas échappé à
de nombreux pays européens. L'Allemagne, les Pays-Bas, l'Estonie,
Chypre et la Slovaquie n'ont pas signé le traité. La Pologne, la
Roumanie, la Slovénie et la république Tchèque envisagent de ne pas le
soumettre à ratification.
En conséquence, nous appelons le Gouvernement a ne pas soumettre le
traité ACTA à la ratification de la Chambre des Députés.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma très
haute considération
Brent Frère
Président
Internet Society Luxembourg A.S.B.L.
--
Brent Frère
Private e-mail: Brent(a)BFrere.net
Postal address: 58, rue d'Esch
L-3720 Rumelange
Grand-Duchy of Luxembourg
European Union
Phone: +352-20.333.222-69
Fax: +352-20.333.222-19
URL:
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